Un voyage qui tourne mal.

Malgré l'heure avancée de la nuit, une chaleur étouffante et moite imprégnait les vêtements des huit voyageurs.

Huit voyageurs, car l'élégante voiture noire qui roulait à pleine vitesse en direction de l'Angleterre était dûment escortée par quatre motos imposantes, vrombissantes dans la nuit. Des fusils attachés aux dos des motards se reflétaient sinistrement dans la lumière pâle et tendre de la lune ; et tout semblait indiquer que la petite équipée semblait ... tendue.

A l'intérieur, au centre, une unique femme ; elle semblait parler avec animation avec son chauffeur et les deux hommes qui l'accompagnaient.

Il fallait dire que, seule parmi son escorte, la baronne Christine Monfeira était détendue. Elle aimait la campagne de nuit, et la route perdue dans les champs abandonnés semblait revêtir un charme particulier, tant des souvenirs enfouies au plus profond d'elle-même ressortissaient avec une violence passionnée qu'elle n'aurait pas su décrire.
Elle aimait aussi l'Angleterre, et la perspective riante de retrouver la famille Abelcrow pour discuter enfin de la meilleure stratégie pour soumettre ces maudits Irlandais la réjouissait au plus haut point. Dans sa valise, des plans tactiques avaient été tracés ; et Christine débattait actuellement de la manière de relater un dernier rapport sur les humains qu'ils avaient rencontré précédément, quelques jours plus tôt.
Ce n'étaient que des va-nu-pieds, réfugiés dans une maison branlante ; et elle et ses hommes avaient enfin pu reconstituer leur réserve de sang. Ils avaient eu, néanmoins, quelques informations à donner avant leur mise à mort, mais la vampire n'était pas certaine de la véracité de leurs propos. Les irlandais étaient tous pareils, abrutis d'alcool, paillards et affligés de la consternante habitude de ne pas se soumettre... et ça, cela ne l'amusait pas du tout !

Avec un geste désinvolte, la jeune femme se servit du liquide lourd et écarlate dans un verre de cristal ; mais ce ne fut que lorsqu'elle le finit qu'elle s'aperçut qu'il se passait une chose inhabituelle. Les motards s'étaient massés étroitement autour de la voiture... comme à l'approche d'un danger imminent.

Les hommes tenaient leur positions depuis maintenant près de trois heures. Les informations étaient on ne peut plus claires. Une des dirigeants et responsables de la débâcles des humains dans cette guerre venait d'opérer dans leur pays et regagnait maintenant l'Angleterre. Tendu, Mickaël espérait que pour une fois, les renseignements fournis par ses alliés étaient valable. A moitié perdu dans ses pensées, la vois d'un de ses sergents le ramena à la réalité

"Chef... Pardon de vous déranger... Mais les gars se demande ce qu'on fait exactement la... "

Le lieutenant prit une cigarette et en tendit une à l'homme à ses cotés

" On va déglinguer quelqu'une de ces abominations... et maintenant, retourne à ton poste... Je veux pas qu'on s'éparpille... "

Le sergent rejoignit penaud son escouade, et Mickaël entendit les explications : Ils allaient faire ce pourquoi ils étaient payé... La réflexion surprise d'un des soldats demandant si ils allait vraiment être payé provoqua des éclats de rire, et arracha un sourire au Lieutenant. La blague n'était pas forcement drôle, mais n'importe quoi pouvant permettre de mieux se sentir et de rire un peu était bon à prendre.

Après une demi heure, ce que les Irlandais attendait temps arriva enfin. Les renseignements étaient exacts... Le convoi était la, exactement ou il devait être... Sans bruit, les militaires se mirent en position. L'endroit était parfait pour une embuscades... Tellement parfait que les convoyeurs comprirent le risque d'être la... trop tard.

A peine le premier homme avait-il bougé que les Vampires essuyèrent un feu nourri. Ces monstres étaient résistant... Bien plus résistant que n'importe quel humain... Mais aucun ne se relevait avec trois chargeur de balle dans le corps...

L'assaut fut aussi violent que rapide. Après la neutralisation de l'escorte, le groupe s'approcha doucement de la voiture. 42 soldats se focalisant sur un véhicule, prêt à tirer au premier mouvement. Arrivant au contact, les militaires ouvrirent simultanément les portières mettant en joue chaque personne à l'intérieur...

Mickael était venu voir Stella un peu avant de partir pour lui dire qu'il avait reçu des informations comme quoi, une vampire qui se trouvait être une des dirigeantes d'une faction importante... Stella ne savait pas trop quoi en penser mais elle accepta de partir avec Mickael. Elle s'habilla de façon à se pas être vue la nuit. Mickael lui avait proposé un treillis militaire qu'elle refusa avec le sourire mais elle préférait ses affaires. Elle portait donc un pantalon noir très serré un haut vert foncé moulant. La jeune femme avait demandé si elle pouvait se battre avec ses propres armes et Mickael avait accepté mais en lui fournissant tout de même une arme à feu.

La jeune femme se trouvait dans l'escouade de Mickael et donc attendait près de lui. Elle ne savait pas trop quoi penser, elle avait été bien accepté dans le groupe mais elle ne se sentait tout de même pas à sa place.

Après un moment d'attente, les invités était présents. Les militaires donnèrent l'assaut rapidement de peur qu'ils ne s'échappent et Stella n'eut pas le temps de partir se battre que les soldats tiraient déjà sur les vampires à moto. Elle ne s'approcha que lorsque le feu cessa, tant elle avait peur de se faire tuer. Un soldat pourrait très bien ne pas faire la différence de nuit...

Doucement le groupe s'approcha de la voiture et Stella s'en approcha également. Lorsqu'une porte s'ouvrit avec vitesse. Des coups de feu retentirent aussitôt mais Stella n'en vit rien. Un des vampires rouges, lui avait sauté au visage, la projetant en arrière.

Il y avait un traitre dans leurs rangs.

Tandis que ses gardes à motos se faisaient décimer, la voiture s'était arrêtée ; et de toutes ses vitres baissés un feu nourri avait vidé leurs chargeurs sur les soldats humains.
Mais ils étaient bien trop nombreux pour la voiture blindée ; et lorsque les portières furent ouvertes de force, ses deux gardes du corps personnel se jetèrent sur leurs assaillants, vite arrêtés par un geste de leur maitresse.

Si ces incapables s'étaient fait avoir, c'était bien qu'ils méritaient la mort, celle qui les délivrait de leur vie trop longue ; et ils méritaient une punition.

Lentement, sans perdre son calme apparent, la toute jeune femme à l'intérieur se versa un peu d'eau glacée dans son verre, l'avalant en prenant son temps, comme si elle n'était menacée par rien ni personne, chassant le goût doucereux du sang qui rougissait encore ses dents ; puis elle reposa le cristal sur la tablette, avec un bruit argentin.

Si ses compagnons étaient vêtus de costumes sombres, pratiques, elle était habillée elle-même d'une robe claire, petite étoile au milieu d'un océan de nuit. Un corset blanc enserrait une taille de jeune fille, et une jupe bleue marine plissée cachait ses jambes jusqu'à des mollets minces et d'une pâleur de cire. Assorties à l'ensemble, des chaussures blanches à talons hauts habillaient des pieds aussi menus que ceux d'un enfant, mettant ainsi la dernière touche à une tenue aussi élégante et stricte que peu pratique. De ses mains, elle se mit à caresser doucement sa natte de cheveux, très droite sur le siège de cuir ; puis elle se tourna vers les soldats et leur adressa un sourire - le sourire tranquille d'une personne qui se sait condamnée.

-"Bonsoir, messieurs."

Malgré sa voix de glace et son apparence tranquille, intérieurement, tout son être bouillonnait de colère et de peur. Elle se sentait aussi piégée qu'une souris dans une nasse ! Mais, que Diable ! De la dignité avant tout.
Seul un léger tremblement trahissait sa rage, et elle espérait sincèrement que ces crétins d'humains ne le remarque pas.

A peine Stella avait elle ouvert la porte qu'un des Vampires lui sauta dessus. Deux militaires intervinrent, essayant tant bien que mal de venir en aide à la jeune femme... Combat brutal qui se soldat par la mort de l'assaillant alors que le médecin du groupe allait voir la dorée, voulant vérifier son état.

Mickael lui approcha de la voiture après que ses hommes aient sécurisé l'endroit. De nature prudente, l'officier ne voulait pas prendre le risque de se faire avoir à cause d'un excès de confiance

"Bonsoir, messieurs."

Une femme hautaine se tenait face à lui. Elle voulait donner le change et semblait vouloir donner une impression d'assurance. Assurance trahit par une détail tellement minime... Mais Mickaël avait trop côtoyé le stress et la peur pour ne pas en reconnaître les symptômes.

"Je note que même un monstre comme vous peut connaitre les bonnes manières... Enfin ,jusqu'à un certain point semble t-il... "

Il jeta un œil derrière lui, s'adressant à celui qui examinait sa nouvelle alliée, s'inquiétant de son état, avant de se refocaliser sur son ennemie .

"Considérez vous dès maintenant comme prisonnière des forces armées de la république Irlande. Et croyez bien que vous allez regretter un nombre certain d'action que vous avez pu commettre.. "

Mickaël se détourna du véhicule, le laissant sous bonne garde

"Sergent, préparez l'extraction, on rentre à la base. Au premier geste de notre invitez, arrachez lui le cœur pour plus de sécurité. "

S'approchant de Stella, il s'accroupit à ses cotés

"Comment tu te sens... "

La jeune femme ne sourcilla pas lorsque ses deux gardes furent abattus pendant sa descente de voiture, ni même lorsque son chauffeur bredouilla sa dernière phrase incohérente, dans une gerbe de sang qui souilla le bitume de la route de son sillon écarlate.

Bousculée, mise à terre puis menottée, Christine gardait un silence farouche face aux injures et aux coups que les soldats ne manquaient pas de lui distribuer, chargés de haine féroce. Mais ses yeux alertes suivaient toute la scène ; depuis les cadavres épars, humains et vampires, aux douilles éparpillées par terre, dans une fumée trouble, qui s'élevait en formes denses et artistiques dans la pureté de la nuit irlandaise.

Mais un détail retint son attention. Une des blessées se tenait dans un coin, veillée avec attention par un médecin humain ; mais ses yeux, brillants comme des étoiles, dévoilaient sa vraie nature : une vampire dorée, une traitre, avait participé à l'embuscade ! La voilà, peut-être, la responsable de l'incident ! Un éclair de haine passa dans ses yeux rougeoyants, vite tempéré par la réflexion froide et calculatrice dont la vampire était coutumière.
Non. On devait réfléchir : Les premiers suspects faisaient partis de son escorte, mais le cas échéant, ils étaient déjà punis, et on ne devait pas regretter les imbéciles. Ensuite, venait un informateur intérieur à leur propre cercle de connaissances vampires - sans doute déjà prisonnier, même s'ils ne paraissaient pas faire de quartier. Venaient ensuite les quelques restes de population locales qui avaient pris peur ; Mais dans ce cas, la baronne Christine ne comprenait pas ce qu'elle faisait encore en vie. D'une manière ou d'une autre, on avait du la reconnaitre.

A partir de là, son premier objectif était clair : éviter de mourir, et connaitre un maximum de choses sur ces soldats, et sur cette fameuse base qu'elle avait tant cherché à localiser. Par l'intermédiaire de la dorée, ou bien de ces gamins violents et alcooliques qui pourraient difficilement résister à ce qu'elle savait faire de mieux : attendrir et influencer les hommes par une collaboration légère et beaucoup de ses charmes de possession.

Le jeu se renversait. Une petite chance pour les humains, si fragiles et éphémères n'était pas pour lui déplaire... un rire se forma presque sur sa physionomie mobile.

Une vive douleur lui fit lever la tête ; mais alors qu'on la faisait lever de force, pour sembler se mettre en route, un second coup lui fit perdre connaissance. Un écran noir voila sa vision déjà troublée, et Christine Montfeira perdit connaissance, poupée de chair fragile et entravée entre les bras rudes des soldats irlandais.

Stella fut surprise par le vampire qui lui sauta dessus. Elle se défendit comme elle put mais malgré l'aide des soldats il était difficile de s'en débarrasser. Ce vampire rouge était très coriace. Il griffa Stella sur le ventre, ce qui fit saigner la jeune femme avec abondance. Les soldats réussirent tant bien que mal à sauver la dorée du vampire rouge.

La jeune femme se recroquevilla sur elle-même et se tordit de douleur alors que le médecin se dirigea vers elle. Il lui demanda alors de se décontracté et de le laisser faire. Stella avait du mal mais elle s'exécuta presqu'aussitôt. Le médecin l'a fit se mettre contre un arbre et malgré les grimaces de Stella pour bouger, il remonta petit à petit le T-shirt de Stella pour dégager la plaie qui saignait toujours abondamment.

Stella ferma les yeux, elle sentait la faim venir en elle et elle ne voulait pas faire de mal à qui que ce soit. Fermer les yeux était pour elle une façon de ne pas montrer sa faim mais aussi de ne pas céder à la tentation. Puis elle entendait la voix de Mickaël:

"Comment tu te sens... "

Stella ouvrit les yeux montrant ainsi deux iris noires avec un halo doré... Plus le temps passé et plus le côté noir prenait le pas sur le côté doré. Stella aurait très bientôt besoin de sang et vite. Son regard se fixa sur Mickaël, ce qui bizarrement la calma légèrement:

"Je crois que je vais devoir te quitter Mickaël, sinon cela pourrait mal tourner...
- Mais dans l'état où vous êtes, vous ne pourrez pas aller bien loin
- Je ne veux mordre personne... mais si mon reste ainsi, cela va devenir un obligation."

Ses yeux se posèrent sur Mickaël puis elle les ferma en respirant un bon coup -même si l'air ne circulait pas cela lui donnait un bon élan- et essaya de se redressait. Mais en moins d'une seconde, elle retomba aussi sec sur le tronc et hurla de douleur... en reprenant un minimum ses esprits, elle dit à Mickaël:

"Fais partir tes hommes, laissez-moi seule, je préfère mourir plutôt que de transformer quelqu'un..."

Le ton de sa voix était sec mais Stella n'avait pas le choix. Bien qu'elle ne voulait pas mourir, transformer quelqu'un d'autre était pire encore...

L'officier regarda ses hommes, songeant à la meilleur chose à faire. La vampire avait été appréhendée, et il n'avait plus de raison d'être la. Laisser Stella mourir pouvait aussi être une option... Après tout, elle restait une ennemie potentielle. Mais était-ce loyal...

-" Sergent , renvoyez tout le monde à la base, mais restez la avec un peloton. "

Sans dire mot, la trouve se mit en branle, laissant la une vampire blessée et une poignée d'humain.

-" Vous avez besoin de sang, vous allez en prendre sur moi... Juste une chose... -Il se tourna vers son sous-officier - "Si elle manque de me tuer, flinguez la. Si jamais quelque chose tourne "trop" mal, flinguez la... Et si jamais je me change en une de ces choses, flinguez moi "

-" Vous êtes sur de vous mon lieutenant? "

-" Vous avez vos ordres Sergent "

Sans attendre, Mickaël découvrit son bras avant de l'entailler avec son poignard. Le pourquoi de sa mission lui revint en tête, et il imagina sa cible qui se faisait amener sans vraiment de précaution à la base, ou elle se retrouverait enchainé comme la bête qu'elle était dans une cellule... Il savait que ses hommes ne serait pas forcement tendre, et il ne pouvait qu'espérer qu'il n'y aurait pas de dérapage...

-" Évite juste de me faire quelque chose de mal... Pour ton bien... Et pour le miens aussi... "

Dire qu'il était nerveux était loin de la réalité. Même si il le cachait bien, l'Irlandais était mort de peur à l'idée de servir de repas à cette créature. Mais il lui avait proposé d'être son alliée, et il était hors de question pour lui de laisser une alliée mourir sans faire ce qu'il pouvait .

Stella entendit Mickaël parler à ses militaires mais elle ne compris pas ce qu'il disait.Elle ferma les yeux devenus totalement noirs et essaya de se détendre... Mickaël allait surement partir et elle ne le reverrait jamais s'il partait réellement maintenant... Mais alors il y eu une odeur bizarre, une odeur de sang. Stella ouvrait aussitôt les yeux et vit Mickaël ayant le bras entaillé. Dès lors elle détourna son regard, pour ne pas penser à ce qu'il était en train de faire... Elle pouvait le tuer. Boire du sang humain n'était pas dans ses habitudes et il pouvait vraiment y rester... Puis elle regarda à nouveau Mickaël en disant d'un regard qu'elle ne pouvait pas faire ça... Mais le militaire ne fit rien d'autre que dire:

" Évite juste de me faire quelque chose de mal... Pour ton bien... Et pour le miens aussi... "

Stella regarda la plaie, puis les yeux de Mickaël une dernière fois. Dans un élan vampirique, elle ne put se retenir de mordre au niveau de l'entaille sur le bras de Mickaël. La sang coula dans la bouche de la vampire... Elle ferma les yeux et accéléra sans vraiment le vouloir, le débit d'absorption du sang du militaire... Stella n'arrivait plus à s'arrêter tant ce sang était bon mais quelque chose la fit revenir à la réalité, les cliquetis des armes des militaires se trouvant là et voyant leur chef sombrer... Stella s'arrêta aussitôt, avalant les dernières gouttes de sang qui se trouvaient dans sa bouche et posa aussitôt sa main sur la plaie qu'elle venait de faire et dit alors aux militaires:

" Ne tirez pas, je vous en prie... Tout va bien.
- Non ça ne vas pas, il est inconscient et toi tu vas mourir...-dit un des militaires qui tenait en joue Stella avec la ferme intention de la tuer-
- Justement, il est juste inconscient, rien d'autre, il va bien... son cœur bat normalement... Venez voir vous qui êtes médecin."

Les militaires s'écartèrent pour laisser passer le médecin présent qui était resté à la demande de Mickaël. Ce dernier se pencha sur Mickaël et dit alors:

" Elle a raison, il va bien, il est juste inconscient et il a besoin de repos...
- Mais on ne va pas te ramener comme ça, tu as gouté du sang humain, tu es comme les autres maintenant... Tu risquerais de tous nous tuer
- Soyez réalistes, je n'ai pas besoin de sang et puis j'ai fait une promesse à votre chef alors je ne le trahirais pas mais si ça te fais plaisir, emmène moi sur la base avec une arme sur ma tempe... C'est pas ça qui me gêneras le plus..."

Le militaires approuva ce que dit Stella et garda son arme braquée sur la jeune femme... Stella fut séparée de Mickaël et tous les deux furent ramenés à la base. Une fois sur place, Stella fut conduite à l'infirmerie pour finir de soigner ses plaies qui avaient commencés à se refermer... Cette dernière put enfin prendre des nouvelles de Mickaël qui s'était réveillé.

La douleur. Elle la cernait de partout, envahissant son corps affaibli, altérant sa pensée déjà trouble et incertaine ; et la vampire, dans un geste de protection halluciné, la tête envahie de visions tordues, altérée par les drogues, referma son bras sur son ventre.

Dans un tourbillon, elle ressentait la douleur aiguë, infernale, qui avait fouillée la matrice pleine de vie qu'elle portait en elle. Sa confusion empira, se transformant en spirale, où elle se rappela les mains qui l'aidaient, guidant le petit cadavre à l'intérieur d'elle-même à quitter son refuge pour retrouver l'obscurité de la tombe. Des doigts issus de l'enfer, retirant sa fierté et son bonheur d'elle-même ; des doigts inquisiteurs, malséants, malvenus, qui violaient son immense pudeur et faisaient d'elle une enfant terrorisée, incapable de se mouvoir, de réagir, incapable de vivre, froide comme la pierre, alanguie comme une nymphe et immobile comme une statue de marbre.

Un cri passa enfin la barrière de ses lèvres, que personne dans la sombre cellule n'entendit. Ce n'était qu'un murmure, sonnant pourtant clairement à ses oreilles : ses frères, son époux, où étaient-ils ? Ils la protégeaient du danger, ils la protégeaient de la douleur ; et lorsque les cauchemars l'assaillaient, ils la berçaient dans leurs bras, avec tendresse, pour faire fuir les larmes qui s'écoulaient de ses yeux rouges. Ses yeux qui rappelaient que le démon guettait en elle.

Protégeant toujours son ventre, ses yeux flous furent envahis d'une brume de lumière. Quelque chose l'empêcha de protéger son ventre de sa deuxième main, et le froid la rattrapa, gelant ses bras et ses jambes nues, provoquant un violent frisson.
La faim se mêlait à la douleur, s'entremêlant dans une danse hargneuse, provoquant d'autres visions terribles. Était-ce le diable qui s'avançait vers elle ? Le Diable, pourvus de cornes, monstrueux, difforme, gigantesque ! Le Jugement Dernier ! Un vague cri s'échappa de la jeune femme, qui balbutia une prière, les yeux agrandis d'une terreur fervente, quant une seconde vague de visions la submergea.
Son époux. Celui qu'elle parfois tant méprisé, tant aimé, auquel elle s'était tant raccroché pour revivre enfin les heures de gloire auquel son statut naturel lui donnait droit. Il était là, il venait la chercher... La chercher pour ... elle ne savait plus, et Christine agita sa tête, son visage ensanglanté illuminé par la lumière crue du couloir de la base irlandaise. Dans quel temps, dans quel lieu se trouvait-elle ?

Rêve et réalité se confondait, souvenirs chéris et mythes se mélangeaient dans son esprit embrouillé. Et il lui semblait se retrouver aux portes de la mort, la mort tant désirée secrètement, bien au fond de son cœur immature, malgré les siècles.

Le militaire se réveilla en ayant l'impression qu'un cheval lui avait marché sur la tête. Il ne savais pas depuis combien de temps il était inconscient et avait du mal à remettre ses idées en place. Le médecin du groupe, qui était resté présent à ses cotés lui fit un rapide debriefing de la situation.

-" C'était imprudent Mick... Si j'étais le chef, j'aurai jamais permis ça..."

"- C'est exactement pour ça que c'est moi le chef, et que toi tu es celui qui me fait la moral... Comment va notre invité? "

Mickael se leva doucement et quitta sa chambre, titubant légèrement. Il savait qu'il avait une prisonnière à aller interroger, mais avant, il passa voir Stella , avec qui il discuta un cours instant. Puis il se rendit dans la salle d'interrogatoire , où sa cible se tenait là, à moitié droguée.

-" Liam... réveilles la. "

Le docteur injecta un produit dans le corps de la Vampire, accompagnée d'une gifle, peu de temps après. Sachant pertinemment qu'elle était un danger, les militaires avaient prit un soin tout particulier à attacher la prisonnière d'une manière irréprochable . Alors qu'elle émergeait doucement, l'officier s'approcha doucement

-" Je vais vous expliquer les règles du jeu. Je pose une question, et vous me donnez la bonne réponse. Sinon, non seulement je vous permettrai de donner un sens nouveau au mot "souffrance" , mais vous avez ma parole d'honneur que vous regretterez amèrement d'être quasiment immortelle... "

En temps normal, il aurait respecté la convention de Genève et n'en serait pas venu à la "torture" , considéré comme un crime contre l'humanité. Mais d'une part, sa prisonnière n'avait probablement plus une once d'humanité en elle, mais il avait mit un point un programme de "persuasion forcée" extrêmement novateur et conçu spécifiquement pour les vampires.

-" Que faites vous alors? Vous jouez avec mes règles, ou je dois vous "convaincre" de les accepter... "

Lorsque la vampire put prendre des nouvelles de Mickaël, elle se retira dans sa chambre qui était totalement gardée. En effet la jeune femme avait les yeux rouges, cela ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps et elle ne savait pas trop si elle pourrait tenir le coup... Elle avait donc demandée une surveillance particulière afin de ne blesser personne. Les gardes qui se tenaient habituellement devant sa porte ne comprenaient pas trop car ils voyaient bien toute la souffrance que Stella endurer... Quelques temps après que Stella fut revenue dans sa chambre, Mickaël vint lui rendre visite. La conversation ne fut pas longue mais Stella était heureuse de le voir bien. Puis le jeune militaire proposa à Stella de venir interroger la vampire rouge. Stella accepta car malgré les doses de tranquillisant que les militaires lui administraient, la vampire pourrait se rebellée et dans ce cas, Stella serait peut-être une des seules à pouvoir l'arrêter avec les militaires et leurs armes...

La vampire dorée suivit alors Mickaël et entra dans la salle d'interrogatoire. Elle se mit dans un coin et n'en bougea plus. Elle se rendit alors compte que le cœur de Mickael battait et elle avait l'impression que le sang qu'elle avait dans les veines battait au même rythme. Cela était biologiquement car le cœur de Stella ne battait plus depuis longtemps mais c'était une sensation étrange. C'était peut-être l'impression que les vampires avaient lorsqu'ils ne tuent pas leur victime... Peut-être qu'ils les sentent différemment.

Stella revint "sur terre" lorsque Mickaël commença a parler à la vampire. Stella se tut et écouta attentivement. Le discours ressemblait sensiblement à celui que le militaire avait tenu lorsque la vampire dorée, s'était faite capturée... Maintenant elle faisait "partie" du groupe. Enfin pas totalement. Il n'y avait que lui qui lui faisait un minimum confiance, tous les autres la regardée de travers et parlaient dans son dos mais Stella entendait tout et cela la faisait plus souffrir qu'autre chose. Elle n'était pas totalement acceptée dans le groupe et à moins de sauver un des leurs, elle ne le serait probablement jamais...

Stella regarda la vampire, ses réactions, son regard... Comment pouvait-on devenir un monstre comme cela? Stella, elle comprenait ce qu'il se passait mais elle n'aurait jamais tué qui que se soit... Pour rien au monde elle ne ferait ce genre de choses...

La brume argentée qui l'entourait se dissipa légèrement, dévoilant à ses yeux rouges plusieurs silhouettes encore indistinctes, mouvantes dans les méandres de son imagination surmenée. Un choc subi traversa la barrière de ses sens, lui arrachant un léger sursaut de surprise, et sa vision redevint un peu plus nette, brièvement. Christine n'eut l'occasion que d'entrevoir l'image de quelques militaires, avant de replonger dans une apathie qui l'alarma légèrement, au milieu du désordre et de la confusion qui la possédait, comme un serpent vicieux et terrible qui empoisonnait son corps.

Que faisait-elle déjà ici ? Où était-elle ? La vampire n'arrivait pas à se situer. Elle, si lucide d'ordinaire... si organisée... Christine réprima une envie de vomir.

Une phrase rude, prononcée avec un accent fortement étranger, retentit à ses oreilles. La jeune femme tenta de se concentrer, ouvrant et refermant ses yeux rouges plusieurs fois ; et brusquement, le sens lui en apparu dans son intégralité. Instinctivement, elle tenta de se lever : elle avait l'habitude de rester debout lorsque l'indignation montait en elle - sentiment qui retomba bientôt, pour céder la place à un autre, plus doux. Presque comme une mère éprouve de l'indulgence pour ses enfants immatures, Christine se rendit compte qu'elle avait envie de sourire à ces personnes étranges et frustres qui étaient autrefois, il y avait bien longtemps, ses pairs.
Un sourire doux, un peu ironique, se forma sur ses lèvres blessées. Oui, la douleur l'empêchait de réfléchir, mais au travers de son voile de drogue qui bloquaient ses pensées, deux choses subsistaient.

La première était que sa famille devait vouloir la retrouver. Dès que son absence serait remarquée, ils débarqueraient en force en Irlande. Elle devait rester en vie jusque là.
La deuxième, c'était que les humains méritaient une petite chance. Toute petite, mais existante.

Deux soleils brillèrent dans son champ de vision, et aussitôt, une troisième pensée lui traversa l'esprit. Sa fille. Une fillette pour toujours, le corps figé pour l'éternité, ou presque, dans la peau d'une enfant. Le soin qu'elle avait pris à s'occuper d'une simple petite fille, et à la préserver de la soif intense, bestial, sensuelle, de l'appel du sang humain. Elle, et ses pairs vampires, avaient toujours considérés les dorés comme des faibles. Mais jamais, au grand jamais, la précieuse Elisabeth ne serait un poids et ferait partie des faibles. Jamais !

Non, son esprit dérivait encore... Elle devait se concentrer, désormais.

Du bout des lèvres, Christine répondit par l'affirmative à l'homme qui l'interrogeait. Elle avait une vie, et son but ultime, encore une fois, était de la retrouver. Encore une fois... encore une fois...

-"Elle est d'accord..."

-"Elle est d'accord..."

Visiblement encore sous le choc de sa camisole chimique, la vampire ne semblait pas vraiment présente, mais elle parvint quand même à donner une réponse

-" Merveilleux. Je vais donc vous expliquer nos futurs relations. Comportez vous comme une personne civilisé et coopérez, et tout se passera au mieux pour vous au vue de la situation. "

L'officier prit le temps de la réflexion. Il était lui aussi encore sous le choc de s'être fait ponctionné le sang par une de ces créatures, et il avait plus de mal à s'en remettre que ce qu'il aurait pensé.

-" Je veux savoir combien des vôtres se trouve dans mon pays. Quelles sont leurs prochaines cibles, les points névralgiques de leurs installations et de leurs forces... Si je suis satisfait de vos informations, je pourrai même envisager de vous nourrir... "

Les Vampires avaient fait une erreur de taille. L'attaque avait eu lieu alors que les forces armées humaines étaient les plus vulnérables, et il devait avouer qu'ils avaient bien joué sur ce coup. Mais échouer dans l'élimination rapide des poches de résistances avait permis aux siens de se regrouper et de contre attaquer. L'Humanité était largement perdante pour le moment, mais au moins , il lui restait de quoi faire regretter à ses monstres d'avoir quitté leurs égouts.

-" Et avant toute chose, je veux connaitre la raison de votre présence dans notre pays. Et vos objectifs à courte et moyenne échéance. "

Il avait besoin d'avoir ses informations, quitte à sacrifier des vies humaines pour l'avoir. Moralement parlant, il savait qu'il ne pouvait pas. Mais il n'avait pas de remord à sacrifier des traitres pour la bonne cause. Si les humains voulait avoir une chance de rester en vie, ils ne pouvaient plus se permettre d'être tolérants avec leurs ennemis , quel-qu'ils soient.

Stella restait dans un coin de la piève écoutant les questions de Mickaël... Il voulait savoir beaucoup de choses... Stella ne dit rien, de toute façon elle n'avait rien à dire, ce n'était pas sa conversation même si elle était présente. Elle regarda plus amplement la vampire et remarqua qu'elle était bien habillée...

Elle ne connaissait vraiment pas beaucoup les rouges mais elle savait des choses sur eux par exemple que certains fondaient des clans. Et Cette vampire rouge, aussi distinguée soit elle, avait l'air de faire partie d'un clan ou d'une "famille" de rouges. Stella se souvint alors que tous les vampires avaient une odeur que les autres peuvent détecter... Ce qui voulait dire que cette vampire rouge pouvait en attirer d'autres.

Mais comment prévenir Mickaël de ce danger, c'était pas évident. Elle choisit d'attendre un peu pour voir les réactions de la rouge et déciderait ensuite si elle interrompait Mickaël ou pas... Du coup, la dorée observa Mickaël et sa sensation bizarre revint... Elle se sentait attirer par Mickaël mais pas de la façon qu'elle voudrait... Elle voulait le mordre et cette sensation était de plus en plus forte... Stella ne fit rien et resta figer en regardant Mickaël...